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Nouvelles de Tara

2 novembre 2006, par Admin

Tara Arctic Info
NEWS SPÉCIALE

" Il s’agit d’un tremblement de glace ! "

Le 55ème jour de dérive a été plus que mouvementé pour l’équipage de Tara. Une journée particulière que nous raconte Matthieu Weber, l’ingénieur en informatique chargé de tous les relevés scientifiques.

55ème jour de dérive.
Position : Dérive par 82° 35’ N - 137° 32’ E, vitesse 0.1 noeuds
Vent : 0 - 5 noeuds
Visibilité : bonne
Jour : 11h-13h
Température de l’air : - 23°C
Température de l’eau : -1,5°C

Bonjour à tous !

Si il y a bien une chose à retenir de cette expédition, c’est que nous ne serons jamais tranquilles durant les 6 prochains mois au milieu de la banquise.
Hier, dimanche, c’était la première journée ou je me suis senti vraiment détendu, oubliant un peu le tumulte des semaines passées. Mais cette journée de lundi, commencée dès 3h00 du matin, nous a vite ramené à la réalité.
Cela a commencé par les craquements et frottements habituels de la glace contre la coque du bateau. Pas plus tard que vendredi, une rivière s’était déjà ouverte dans la banquise à 10m du bateau, un fissure serpentant à moins d’un 1mètre du trou creusé pour faire les manipulations de batysondage.

Mais cette nuit, les éléments en ont manifestement décidé autrement. Les craquements se sont changés en grincements sinistres puis en bruits de déchirements atroces, comme si quelque chose -ou quelqu’un- réduisait en charpie un épais blindage métallique ! A ce moment là dans ma cabine nous nous serions crus en enfer !

En sortant, le constat est sans appel : Non seulement la rivière s’est refermée, mais la rive opposée à celle supportant notre bateau s’avance maintenant engloutissant littéralement l’autre. Bientôt le trou du sondage est engloutit dans cette crête de compression. Je lève le regard vers l’horizon : des toilettes, inaugurées l’avant veille, il ne reste plus qu’un morceau de toile cirée rouge constituant le paravent ! Mais déjà cette glace, avançant à une vitesse que j’évalue à 10cm par seconde menace la bathysonde microcat et le radiomètre non loin de la, et que nous avons redéployés l’avant veille !

La situation se calme vers 4h du matin, et nous décidons de laisser en place le matériel scientifique. Mais, vers 10h du matin nous assistons à de nouveaux mouvements de glaces, nous "évacuons" pour la deuxième fois de cette dérive la microcat et le radiomètre sur le pont.

Une semaine de mise en place pour rien ! Depuis, les contraintes se sont calmées, les mâchoires de glace ont arrêté de grignoter notre espace ! Et dire qu’avec Hervé, la veille de cette incroyable journée nous parlions de redéployer le mat météo sur la glace !

La photo vous montre une faille que l’on pourrait comparer à celles pouvant être observées sur le lieu d’un tremblement de terre.
Ici, il s’agit d’un trembement de glace !

Le bateau gîte à présent de près de 9 degrés, soulevé par cette plaque de glace bien encombrante !

9 degrés... Cela peut vous paraître très peu, mais si l’on fait un rapide calcul, cela reviendrait à dévaler une pente à 15% en vélo ou en voiture ! Jusqu’à présent, le bateau s’est toujours remis d’aplomb sous son propre poids.